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Depuis le début du conflit russo-ukrainien, les marchés des matières premières ont traversé des turbulences sans précédent. En mars, le prix du pétrole a atteint 123 dollars le baril, marquant ainsi une hausse de 68 % par rapport à l’année précédente. Cette flambée des prix a relancé les débats sur la santé économique de l’Arabie saoudite, souvent perçue comme dépendante de cette ressource. Pourtant, comme le soulignent les analyses récentes, l’économie saoudienne évolue vers une diversification significative, guidée par le plan Vision 2030.
Contexte historique et défis économiques
Dans ma longue expérience à Deutsche Bank, j’ai pu constater que les crises économiques, comme celle de 2008, nous ont enseigné l’importance d’une gestion proactive et d’une diversification des risques. L’Arabie saoudite a intégré cette leçon, cherchant à réduire sa dépendance au pétrole, qui représentait 28,1 % de son PIB en 2021. Malgré les difficultés engendrées par la pandémie et la baisse de la demande pétrolière, le pays a fait preuve d’une résilience impressionnante, réussissant à sortir d’une contraction de 4,1 % en 2020 pour afficher une croissance de 3,2 % en 2021.
Les projections du FMI indiquent que pour équilibrer son budget en 2022, le prix du pétrole doit avoisiner 72,40 dollars le baril, tandis que S&P prévoit un prix moyen de 85 dollars. Cela pourrait potentiellement conduire à un excédent budgétaire de 2,5 % du PIB, le premier depuis 2013. Toutefois, la volatilité des prix du pétrole reste un facteur de risque majeur à surveiller.
Initiatives de diversification et d’investissement
Dans le cadre de Vision 2030, l’Arabie saoudite s’engage à diversifier son économie en investissant dans d’autres secteurs clés. Ce changement nécessite une refonte fondamentale du fonctionnement des entreprises. Le gouvernement a mis en place la National Investment Strategy (NIS) pour transformer l’Arabie saoudite en un véritable hub d’investissement, favorisant les investissements directs étrangers (IDE) et l’innovation. En 2021, les IDE ont connu une augmentation exceptionnelle de 257,2 %, avec des prévisions de croissance continue.
Pour soutenir cette transition, un National Debt Management Center a été créé, assurant ainsi un accès aux marchés de la dette mondiale. À la fin de 2021, environ 60 % de la dette publique était libellée en riyals saoudiens, avec des prévisions d’amélioration du ratio dette/PIB, qui devrait passer de 32,5 % en 2019 à 25,4 % en 2024. Ces efforts de gestion de la dette sont cruciaux pour maintenir la stabilité financière.
De plus, l’Arabie saoudite a introduit des réformes dans le secteur bancaire, en adoptant une politique de « Open Banking » permettant aux citoyens de partager en toute sécurité leurs données bancaires avec des tiers. Cela favorise le développement des fintechs. En conséquence, le pays a déjà vu l’émergence de 17 entreprises de paiement fintech, renforçant ainsi sa position dans le secteur numérique.
Défis réglementaires et perspectives d’avenir
Alors que l’Arabie saoudite poursuit sa stratégie de diversification, les implications réglementaires prennent une importance croissante. Les autorités financières, notamment la Banque centrale saoudienne (SAMA), mettent en œuvre des initiatives visant à renforcer la transparence financière et à promouvoir des pratiques de gouvernance environnementale, sociale et de gouvernance (ESG). Cependant, la notation de Moody’s a attribué au pays un score ESG modérément négatif, soulignant ainsi la nécessité d’améliorations dans ce domaine.
À long terme, la croissance du secteur non pétrolier et l’augmentation de la contribution des PME au PIB, qui devrait passer de 20 % à 35 % d’ici 2030, constituent des objectifs ambitieux mais réalisables. Les initiatives telles que le programme de garantie de prêts « Kafala » soutiennent déjà plus de 5 000 entreprises. En parallèle, le fonds souverain saoudien (PIF) continue de jouer un rôle stratégique, avec des actifs dépassant 500 milliards de dollars et des ambitions d’atteindre 1,1 trillion de dollars d’ici 2025.
En conclusion, bien que le pétrole demeure un pilier de l’économie saoudienne, les efforts de diversification démontrent que le pays n’est pas condamné à dépendre de cette ressource à long terme. Les réformes économiques et les initiatives d’investissement témoignent d’une volonté claire d’évoluer vers une économie plus résiliente et diversifiée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’Arabie saoudite est en train de se transformer et d’embrasser l’avenir.
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