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Dans le contexte économique actuel, les signaux sont aussi déroutants qu’intrigants. D’un côté, la croissance de l’emploi semble robuste, mais de l’autre, des licenciements massifs dans des entreprises emblématiques alimentent l’inquiétude. La courbe des rendements, un indicateur souvent fiable de récession, est inversée, tout en observant que le marché boursier atteint des sommets historiques.
Que tirer de ces indicateurs contradictoires et comment se préparer à ce qui pourrait suivre ?
La complexité des indicateurs économiques
Nella mia expérience à Deutsche Bank, j’ai appris que les chiffres ne racontent pas toujours l’histoire que l’on attend. L’inversion de la courbe des rendements, observée pour la dernière fois en novembre 2022, a traditionnellement prédit les récessions. Elle représente la différence entre le rendement des obligations à 10 ans et celui des bons du Trésor à 3 mois. Chaque récession depuis les années 1960 a été précédée par cet indicateur, et il n’a jamais envoyé de faux signaux. Pourtant, l’absence de récession jusqu’à présent en 2023 a conduit certains à conclure hâtivement que cet indicateur avait échoué.
Un examen plus approfondi révèle qu’en moyenne, une inversion de la courbe des rendements a précédé une récession de 13 mois. Actuellement, cette inversion ne date que de 16 mois, ce qui est loin d’être alarmant par rapport à la moyenne historique. Il est également pertinent de noter que dans les derniers cycles économiques, les taux d’intérêt à court terme sont revenus à des positions dites ‘normales’, inférieures à celles des taux à long terme, avant que la récession ne débute. Ce phénomène, connu sous le nom de ‘désinversion’, n’a pas encore eu lieu dans le cycle actuel.
Les implications sont claires : la courbe des rendements prédit un ralentissement substantiel de la croissance en 2024, avec un potentiel de récession, même légère. Les scénarios de douceur économique ne sont pas en dehors du domaine du possible, mais un petit ralentissement est également envisageable, comme cela s’est produit lors des récessions de 2001 et 1990-1991, avec des baisses du PIB d’environ 1 %.
Les risques sous-jacents et les défis économiques
En 2023, l’économie américaine a affiché une croissance du PIB réel de 2,5 %, mais je prévois un ralentissement marqué dans les premiers semestres de 2024. Plusieurs vents contraires, notamment la baisse de la consommation personnelle, sont en jeu. La consommation personnelle représente 68 % de la croissance du PIB et une partie significative de la croissance de 2023 a été alimentée par 2,1 trillions de dollars d’économies excédentaires accumulées par les consommateurs pendant la pandémie. Cependant, ces économies commencent à s’épuiser, alimentant des signes de contraction dans les dépenses de consommation.
Parallèlement, les investissements, un autre pilier de la croissance du PIB, montrent des signes de déclin. En 2023, l’investissement a enregistré une contraction en glissement annuel, ce qui pourrait signaler un état récessionnaire. Les indicateurs précurseurs de l’épargne des consommateurs, tels que le taux de défaut sur les prêts automobiles et les cartes de crédit, méritent une attention particulière. Une montée des défauts indique que les consommateurs commencent à manquer d’épargne, ce qui peut entraîner une contraction des dépenses.
Un autre facteur à considérer est la fin de la pause des paiements de prêts étudiants en octobre 2023, impactant directement le revenu disponible de près de 40 millions d’Américains. Les banques, quant à elles, offrent des taux d’intérêt ridiculement bas sur les dépôts d’épargne, souvent en dessous de 0,5 %, incitant les consommateurs à transférer leurs économies vers des fonds monétaires offrant des rendements attractifs de l’ordre de 5 %.
Les implications pour la politique économique et la régulation
Les défis structurels auxquels l’économie américaine est confrontée ne doivent pas être sous-estimés. Le service de la dette gouvernementale représente déjà plus de 700 milliards de dollars, et la hausse attendue des taux d’intérêt pourrait exacerber cette situation. Cela crée une pression supplémentaire sur les taux d’intérêt à long terme, ce qui risque de freiner l’investissement des entreprises et la croissance économique. Dans ce contexte, il est crucial que les décideurs politiques ne commettent pas l’erreur de laisser cet environnement d’incertitude perdurer.
La Réserve fédérale, qui a tardé à agir durant la période post-crise de 2008, doit maintenant naviguer prudemment. En augmentant les taux d’intérêt de manière agressive, elle a potentiellement aggravé le risque d’une récession profonde. Les prévisions soulignent la nécessité d’une politique monétaire réactive et fondée sur des données réelles, plutôt que sur des interprétations obsolètes. La Fed doit envisager de réduire les taux pour stimuler la croissance avant qu’une récession ne devienne inévitable.
En conclusion, tout en naviguant à travers ces incertitudes économiques, il est essentiel de garder un œil sur l’innovation et la création d’un environnement propice à la croissance. Les défis sont nombreux, mais une approche proactive des décideurs pourrait encore permettre d’éviter une récession sévère et de rétablir un chemin vers une croissance durable.
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