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Dans le monde des investissements, il est fréquent d’entendre des gestionnaires de fonds affirmer : « Je dois simplement avoir raison un peu plus de 50 % du temps. » Ce qu’ils décrivent ici, c’est le taux de succès, comparable à la moyenne au bâton dans le baseball, représentant le pourcentage de décisions profitables.
Idéalement, atteindre un taux de succès supérieur à 50 % serait l’objectif, que l’on soit gestionnaire de fonds ou tout simplement un particulier dans sa vie quotidienne. Pourtant, la réalité est bien différente : la plupart des gestionnaires de fonds affichent un taux de succès inférieur à ce seuil. Une étude récente, intitulée The Behavioral Alpha Benchmark, révèle que seulement 18 % des gestionnaires de portefeuille prennent davantage de décisions créatrices de valeur que destructrices. Nous avons examiné les comportements de trading dans 76 portefeuilles sur une période de trois ans, en isolant les résultats des décisions d’investissement dans sept domaines clés : choix d’actions, timing d’entrée, allocation, ajustement de taille, sortie, et timing de sortie.
Le taux de succès et la rentabilité : deux facettes d’une même pièce
Nos recherches montrent que, bien que le taux de succès attire souvent l’attention, il peut s’avérer moins significatif que le ratio de rentabilité. Un bon ratio de rentabilité peut compenser un taux de succès inférieur à 50 %, alors qu’un mauvais ratio de rentabilité peut annuler complètement l’effet d’un bon taux de succès. Cela s’explique aisément : le ratio de rentabilité évalue si les bonnes décisions d’un gestionnaire rapportent plus que les pertes liées à leurs mauvaises décisions. Il s’exprime en pourcentage : un ratio supérieur à 100 % est considéré comme bon, tandis qu’un ratio inférieur à 100 % est mauvais. Des décisions avec des ratios de rentabilité bien supérieurs à 100 % peuvent largement compenser plusieurs décisions en dessous de ce seuil.
Bien que Peter Lynch n’ait pas utilisé le terme « ratio de rentabilité », il a néanmoins souligné son importance : en 1990, il a déclaré à Louis Rukeyser de Wall Street Week que « vous n’avez besoin que d’une ou deux bonnes actions par décennie. » Ces actions doivent, bien sûr, être d’une qualité exceptionnelle, mais l’idée reste que le ratio de rentabilité est un facteur crucial pour réussir dans l’investissement professionnel. Les gestionnaires performants doivent s’assurer que leurs gains cumulés dépassent les pertes cumulées.
L’importance de la gestion des pertes
Il est peut-être ironique que les propriétaires d’actifs et les allocateurs examinent une multitude de statistiques sur les gestionnaires dans le but de séparer la chance de la compétence, tout en négligeant souvent le ratio de rentabilité. En réalité, ce ratio est l’un des indicateurs de compétence les plus purs. Les gestionnaires qui atteignent régulièrement un ratio de rentabilité supérieur à 100 % démontrent une véritable compétence d’investissement : ils savent quand conserver une position et quand la liquider.
Les meilleurs investisseurs se distinguent par leur capacité à couper les pertes, mais aussi à réduire leurs gains avant qu’ils ne deviennent des pertes. Cela se traduit par un ratio de rentabilité élevé. L’analyse de The Behavioral Alpha Benchmark illustre cela, en mettant en relation le taux de succès d’un échantillon de 76 portefeuilles d’actions avec leur ratio de rentabilité. Bien que les taux de succès des gestionnaires se regroupent autour d’une même valeur, leurs ratios de rentabilité varient considérablement.
Réflexions finales sur la méthodologie d’évaluation des gestionnaires
Cet aperçu de la relation entre le taux de succès et le ratio de rentabilité représente une avancée significative dans l’évaluation des gestionnaires. Il nous permet d’aller au-delà des indicateurs traditionnels basés sur les performances passées, souvent sujettes aux effets aléatoires de la chance, et de nous concentrer sur la qualité des décisions prises par un gestionnaire. Cela constitue une évaluation bien plus précise de leurs compétences. En fin de compte, dans un environnement d’investissement en constante évolution, il est crucial de se rappeler que ce n’est pas seulement une question de précision dans les décisions, mais aussi de la manière dont ces décisions se traduisent en résultats financiers.
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