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Dans un monde où les investissements sont souvent perçus comme un jeu de compétences, il est essentiel de remettre en question l’idée que la gestion active peut systématiquement surpasser le marché. De nombreuses études, y compris celles de la SEC, montrent que la majorité des fonds gérés activement échouent à battre les indices de référence. Pourquoi donc les investisseurs continuent-ils à croire en cette illusion ? Comme l’a suggéré Benjamin Graham, la sagesse des foules pourrait bien être la clé pour comprendre les dynamiques du marché.
Un regard historique sur la gestion des investissements
Dans ma carrière à Deutsche Bank, j’ai observé que l’innovation dans le secteur financier tire souvent ses leçons des échecs du passé. Prenons, par exemple, le contexte qui a suivi la crise de 1929, lorsque les États-Unis ont promulgué le Securities Act de 1933 et le Securities Exchange Act de 1934. Ces lois ont instauré l’obligation de divulguer des informations financières et ont combattu la manipulation de marché.
Avant ces réformes, les investisseurs profitaient souvent de pratiques discutables plutôt que d’une analyse approfondie des titres.
Ces régulations ont créé un environnement où l’analyse des titres est devenue cruciale pour dépasser le marché. Cependant, malgré la nécessité d’une gestion active, la réalité est que peu de gestionnaires réussissent à le faire de manière constante. Les données parlent d’elles-mêmes : plus de 80 % des fonds gérés activement n’arrivent pas à égaler les performances des indices de référence, surtout après prise en compte des frais.
Dans les années 70, l’émergence des fonds indiciels a marqué un tournant, montrant qu’une stratégie simple et à faible coût pouvait offrir des rendements supérieurs à ceux de la plupart des fonds actifs. Néanmoins, la gestion active a continué à prospérer, soutenue par un marketing agressif et une idée fausse du valeur ajoutée des gestionnaires professionnels.
Les métriques à la base de la gestion des investissements
Qui travaille dans le secteur sait que l’analyse quantitative est essentielle pour comprendre les rendements attendus. La théorie de la sagesse des foules, introduite par Francis Galton en 1907, démontre que les estimations médianes tendent à être plus précises lorsque de nombreux participants expriment leurs opinions. Ce principe ne s’applique pas seulement aux concours d’estimation, mais également aux prévisions de croissance économique et aux rendements des classes d’actifs.
Les recherches montrent que lorsque les investisseurs se basent sur des informations similaires, leurs estimations tendent à se compenser, menant à une moyenne étonnamment proche de la réalité. Cela implique que la majorité des choix actifs réalisés par les gestionnaires de fonds ne parviennent pas à surpasser le marché. Bien que quelques investisseurs talentueux puissent battre le marché, la vérité est que la plupart des investisseurs, et en particulier les investisseurs institutionnels, peinent à le faire de manière cohérente.
De plus, la crise financière de 2008 a révélé que l’excès de complexité dans les stratégies d’investissement pouvait conduire à des résultats désastreux. L’analyse des risques et la due diligence sont devenues essentielles pour éviter de retomber dans de telles pièges. Dans ce contexte de marché en constante évolution, la transparence et la simplicité des stratégies passives, telles que celles proposées par les fonds indiciels, se révèlent donc plus avantageuses.
Implications pour l’avenir de la gestion des investissements
Les implications réglementaires et de marché sont claires : les investisseurs doivent aligner leurs attentes avec la réalité du marché. La gestion active a sa place, mais elle est largement vouée à l’échec pour la majorité des investisseurs. Les sociétés de conseil doivent reconnaître que la concurrence entre gestionnaires ne conduit pas toujours à de meilleurs résultats. Au contraire, opter pour des fonds indiciels à faible coût constitue une approche plus prudente et souvent plus lucrative.
Le véritable enjeu que les conseillers et investisseurs doivent aborder repose sur la calibration de la tolérance au risque et l’optimisation du capital. Au lieu de rechercher à surpasser le marché, ils devraient se concentrer sur des stratégies qui maximisent la valeur pour leurs clients, telles que l’allocation efficace des ressources et la continuité stratégique. Reconnaître la sagesse des foules non seulement améliore les résultats des investissements, mais permet également aux investisseurs de prendre des décisions éclairées et rationnelles.
En conclusion, abandonner l’obsession de la surperformance permet de se recentrer sur ce qui est réellement significatif pour les investisseurs. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’un portefeuille pourra être construit en adéquation avec les véritables besoins et objectifs des investisseurs, garantissant ainsi un avenir financier plus stable.
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