Nella ma carrière passée chez Deutsche Bank, j’ai souvent été témoin de l’attrait grandissant pour les investissements alternatifs. En effet, ces derniers ont atteint la somme impressionnante de 13 trillions de dollars d’actifs sous gestion en 2021, presque le double par rapport à 2015. Selon les recherches menées par Preqin, ce chiffre pourrait même dépasser 23 trillions d’ici 2026. Pourtant, alors que le climat est florissant pour les capital-risqueurs et les gestionnaires de fonds de capital-investissement, il est légitime de se demander si ces investissements tiennent réellement toutes leurs promesses.
Contexte historique et leçons des crises passées
Les crises financières, notamment celle de 2008, nous ont enseigné que la volatilité des marchés peut rapidement inverser les fortunes. Bien que les fonds de capital-investissement ne soient pas soumis à une comptabilité quotidienne mark-to-market, ils peuvent parfois masquer des pertes sur plusieurs trimestres. Cette pratique, bien qu’ingénieuse, soulève des interrogations quant à la fiabilité des rendements affichés.
Dans un contexte où les portefeuilles traditionnels de 60/40 actions-obligations enregistrent des pertes à deux chiffres, les investissements alternatifs semblent d’un coup bien séduisants. Mais comme tout iceberg, les corrélations cachent souvent des réalités plus sombres sous la surface.
En scrutant sept stratégies de fonds de couverture qui ont attiré des milliards d’investissements, nous avons constaté que trois d’entre elles — la couverture d’actions, l’arbitrage de fusions et les stratégies basées sur des événements — affichent des corrélations avec le S&P 500 supérieures à 0,5. Cela soulève la question de leur réelle utilité dans un portefeuille destiné à diversifier les risques.
Analyse technique des performances
Nous avons plongé dans les corrélations de ces stratégies avec les classes d’actifs traditionnelles, nous appuyant sur des données de HFRX disponibles depuis 2003. Les résultats sont révélateurs : trois stratégies affichent des corrélations faibles vis-à-vis des actions, mais aussi des obligations de haute qualité. Cela peut indiquer une certaine valeur pour les investisseurs en quête de diversification. Néanmoins, il est crucial de noter que l’ajout de ces allocations alternatives à un portefeuille traditionnel n’a pas nécessairement amélioré les ratios de Sharpe au cours de la période 2003-2022.
Un élément frappant de notre analyse est que les drawdowns maximaux, tous survenus lors de la crise financière mondiale de 2009, n’ont pas été significativement atténués par l’intégration de stratégies alternatives. Les portefeuilles diversifiés ont également subi des baisses de 31 % à 39 %, soulevant ainsi des questions sur la capacité des investissements alternatifs à réellement réduire le risque.
Implications réglementaires et perspectives de marché
Les implications de ces observations sont vastes. Les corrélations peuvent s’avérer trompeuses, et même lorsque les chiffres semblent indiquer une faible corrélation, des périodes de forte corrélation peuvent survenir, souvent au moment où les investisseurs ont le plus besoin de rendements désynchronisés. Prenons l’exemple de l’arbitrage de fusions, généralement considéré comme non corrélé aux actions : il a souffert lors des chutes de marché, lorsque les fusions échouent. Qui peut prédire les caprices du marché, après tout ?
De plus, la performance des stratégies alternatives au cours des 19 dernières années a été mitigée. Le S&P 500 a produit un taux de croissance annuel composé (CAGR) de 9,5 %, tandis que la plupart des fonds alternatifs ont peiné à générer des rendements nets attractifs. L’inflation, qui était d’environ 2 % durant cette période, signifie que les rendements en dessous de ce seuil se traduisent par des rendements réels négatifs. Avec l’inflation actuelle nettement plus élevée, les défis pour les investisseurs ne font que s’accroître.
En conclusion, il est impératif que les investisseurs adoptent une approche plus nuancée dans l’évaluation des investissements alternatifs. Au lieu de se fier uniquement aux corrélations, il serait judicieux d’examiner ces relations dans des contextes de marché spécifiques, notamment lors des baisses. Cela pourrait révéler que de nombreuses classes d’actifs privées, telles que le capital-investissement, le capital-risque et l’immobilier, présentent des risques similaires, offrant ainsi peu d’avantages en termes de diversification.