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Évaluer les gestionnaires d’investissement est un véritable casse-tête pour de nombreux investisseurs. Les propriétaires d’actifs, souvent épaulés par des consultants, investissent des ressources considérables en temps et en énergie pour effectuer ces recherches. Mais comment s’assurer que la sélection et l’évaluation des gestionnaires sont faites de manière rigoureuse ? La due diligence approfondie est essentielle, mais un filtre initial relativement simple peut s’avérer utile pour identifier les gestionnaires d’investissement potentiels.
Les questions fondamentales
Avant d’entamer le processus de due diligence, les propriétaires d’actifs devraient se poser trois questions essentielles à tout gestionnaire quantitatif. Si les réponses ne sont pas satisfaisantes, il est probable que le gestionnaire ne mérite pas d’être considéré plus avant. Bien que notre attention se concentre sur les gestionnaires quantitatifs, ces questions s’appliquent également aux gestionnaires fondamentaux, notamment en ce qui concerne les signaux quantitatifs qu’ils utilisent dans leurs stratégies d’investissement.
Un bon gestionnaire d’investissement doit être capable d’expliquer les facteurs jugés les plus importants dans sa prise de décision. Il doit également fournir une justification claire et cohérente. Par exemple, les facteurs d’équité devraient être économiquement intuitifs et compréhensibles, loin de toute nébulosité. Prenons le facteur de valeur : une métrique comme le ratio cours/valeur comptable est bien plus parlante qu’un mélange obscur de différents ratios.
Éviter les approches hybrides
Mais pourquoi devrions-nous éviter ces approches hybrides ? Les preuves que le ratio cours/bénéfice représente un facteur de risque récompensé sont en effet beaucoup moins solides que celles du ratio cours/valeur comptable. Même si l’on choisit d’utiliser les deux métriques, un hybride qui combine 50 % de cours/valeur comptable et 50 % de cours/bénéfice n’a pas de sens économique. Quel pourrait alors être le flux de rendement de ce « facteur » hybride ? En mélangeant différentes métriques, nous risquons également de nous exposer à des risques indésirables. Enfin, si nous utilisons une méthode de pondération, qu’elle soit statique ou dynamique, il est impératif de justifier cette méthode. Se reposer uniquement sur des backtests peut mener à une erreur fondamentale en investissement : fonder une stratégie sur une métrique trop ajustée.
Importance de la cohérence et de la validation
Utiliser un ensemble clair de facteurs économiquement défendables est essentiel pour évaluer si un gestionnaire dispose d’un processus d’investissement solide. Un autre point crucial des stratégies de facteurs d’équité est de contrôler les effets d’interaction négatifs entre les différents facteurs. Par exemple, une stratégie de valeur peut être exposée au momentum et à la taille. Si cette exposition est significative et négative, elle pourrait annihiler les primes que l’on espérait récolter grâce à l’exposition à la valeur. Les gestionnaires doivent donc mettre en place des procédures pour gérer ces interactions.
La cohérence des réponses d’un gestionnaire à nos questions initiales est tout aussi cruciale. Que se passe-t-il si différents membres d’une équipe, comme le responsable de la recherche et les gestionnaires de portefeuille, ont des divergences d’opinion sur les facteurs clés ? Cela peut indiquer que leur stratégie n’est pas pleinement développée. Ce « risque d’incohérence » est présent tant chez les gestionnaires quantitatifs que fondamentaux, mais est souvent plus courant chez ces derniers, qui peuvent avoir des processus moins rigoureux.
Un processus d’investissement bien structuré doit être validé par un corpus solide de preuves empiriques et de tests statistiques variés. Par exemple, un processus quantitatif doit s’appuyer sur de grands ensembles de données et être soumis à différents sous-échantillons et types de simulations. Toutes ces méthodes de validation doivent être documentées, idéalement dans des revues évaluées par des pairs. La publication dans ces revues permet à la communauté d’investissement d’évaluer les idées d’une équipe, et les évaluateurs, n’ayant pas d’intérêt commercial, apporteront une évaluation plus objective.
Conclusion et perspectives de marché
En somme, veiller à ce qu’une stratégie délivre ce qu’elle promet, sans s’exposer à des risques indésirables, est crucial pour des processus d’investissement efficaces. Prenons l’exemple d’une stratégie de facteur d’équité : l’objectif est généralement d’offrir une exposition ciblée à un ou plusieurs facteurs. Ainsi, le rendement d’une stratégie de valeur devrait principalement découler de l’exposition à ce facteur. Si d’autres facteurs viennent influencer le rendement, alors des risques indésirables peuvent se glisser dans la stratégie.
Ces trois questions ne sont que le début du processus de due diligence. Cependant, elles constituent un excellent point de départ pour évaluer tout gestionnaire. Si les réponses à l’une de ces questions s’avèrent insatisfaisantes, il est probable que le processus du gestionnaire présente des défauts fondamentaux, rendant son examen plus approfondi peu judicieux.
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