Menu
in

Libération des benchmarks : stratégies d’investissement pour un avenir durable

« `html

Dans le monde de l’investissement professionnel, un phénomène préoccupant a vu le jour : la fixation excessive sur les benchmarks et la performance relative. Ce que j’appelle le « benchmarkisme » influence souvent les décisions d’investissement de manière contre-productive, incitant les investisseurs institutionnels à adopter des stratégies qui ne favorisent pas nécessairement une croissance durable de leur capital.

Mais comment pouvons-nous nous libérer de cette tendance et nous concentrer sur une croissance stable de la richesse à long terme ?

Une évolution historique : les origines des benchmarks

L’émergence des benchmarks remonte à la fin du 19ème siècle, lorsque Charles Dow a introduit le célèbre Dow Jones Industrial Average en 1896. À cette époque, les investisseurs se préoccupent principalement des dividendes, comme le montrent les fonds créés par des entreprises telles que Robeco, qui n’ont pas intégré les benchmarks dans leurs stratégies avant plusieurs décennies. Ce n’est qu’avec l’hypothèse des marchés efficients, popularisée dans les années 1960, que ces indicateurs ont commencé à jouer un rôle central dans l’industrie de l’investissement.

Aujourd’hui, la nécessité de surpasser les benchmarks est souvent considérée comme le critère ultime de succès, éclipsant des principes fondamentaux tels que la préservation du capital et la recherche d’un rendement adéquat. Malheureusement, cette obsession pour la performance relative peut conduire à des décisions irrationnelles. Par exemple, un gestionnaire de portefeuille pourrait choisir d’ignorer une action stable offrant un rendement de 8 % pour privilégier un fonds indiciel plus volatile affichant le même rendement. Ce type de raisonnement, bien que compréhensible dans le cadre du benchmarkisme, peut nuire à la santé financière des portefeuilles sur le long terme.

Les dangers du benchmarkisme : une approche biaisée

Le principal problème du benchmarkisme réside dans sa capacité à détourner l’attention des rendements absolus et de la préservation du capital. Prenons par exemple les indices obligataires, qui favorisent souvent des pays ou des entreprises très endettés, ce qui peut entraîner une surpondération des émetteurs les plus risqués dans les portefeuilles. Cette tendance à privilégier la performance relative au détriment de la gestion des risques n’est pas nouvelle. Fisher Black, un pionnier du modèle d’évaluation des actifs, a tenté dans les années 1970 de lancer un fonds d’actions à faible risque, mais a échoué face à des contraintes de levier et à la pression des investisseurs en faveur de la surperformance du marché.

Plus ironique encore, l’effondrement de la bulle Internet en 2000 et la crise financière de 2008 ont vu la montée en popularité des stratégies défensives à faible volatilité. Bien que ces stratégies soient efficaces durant les périodes de turbulence, elles semblent souvent moins attrayantes sur des marchés haussiers concentrés, où les indices dominent.

Réformer l’approche d’investissement : vers une stratégie durable

Pour sortir de ce piège des benchmarks, il est crucial d’adopter des critères d’investissement qui privilégient la durabilité et l’impact. En s’écartant des normes de performance relatives, les investisseurs peuvent se concentrer sur des objectifs à long terme qui favorisent la préservation du capital et la croissance durable. L’inclusion de critères de durabilité dans le processus d’investissement permet aux investisseurs de s’éloigner des benchmarks traditionnels, d’évaluer ce qu’ils possèdent réellement et de prendre des décisions éclairées.

Il est également essentiel que les régulateurs et les institutions révisent leurs approches. Une attention accrue à la gestion des risques absolus plutôt qu’à l’erreur de suivi à court terme pourrait favoriser un environnement d’investissement plus sain. En redéfinissant les objectifs d’investissement autour de la durabilité et de la préservation du capital, les investisseurs peuvent non seulement échapper à la prison des benchmarks, mais aussi exploiter des opportunités sous-représentées qui se présentent souvent dans un marché de plus en plus concentré.

En conclusion, pour véritablement surperformer les benchmarks, il est souvent préférable de les ignorer temporairement. L’accent doit être mis sur le maintien du capital et la minimisation des risques inutiles. En s’éloignant de la fixation sur les benchmarks et en se concentrant sur les fondamentaux, les investisseurs peuvent découvrir des valeurs cachées et atteindre une performance à long terme supérieure.
« `