Dans le paysage financier moderne, de nombreux investisseurs novices semblent méconnaître la théorie de l’irrélevance des dividendes, formulée par Franco Modigliani et Merton Miller dans les années 1960. Bien qu’un prix Nobel ait été décerné pour cette découverte, il est essentiel de comprendre pourquoi cette théorie reste d’une grande pertinence aujourd’hui.
Dans ma carrière à Deutsche Bank, j’ai souvent observé à quel point cette notion peut influencer les décisions d’investissement. Les chiffres parlent clair : l’importance d’un dividende est souvent exagérée par rapport à la véritable valeur d’une entreprise.
Contexte historique et enseignements tirés
La théorie de l’irrélevance des dividendes suggère que le dividende d’une entreprise n’influence pas son prix de l’action. Au contraire, ce sont ses bénéfices et sa capacité à croître qui déterminent sa valeur. En d’autres termes, posséder des actions d’une entreprise versant des dividendes ne vous rend pas nécessairement plus riche que de détenir celles qui n’en versent pas. De plus, les réglementations fiscales peuvent parfois favoriser les entreprises qui ne distribuent pas de dividendes, ce qui mérite d’être pris en compte.
Un point souvent débattu est celui du « Bird in the Hand Theory », qui affirme que les investisseurs préfèrent recevoir un dividende plutôt que de voir la valeur de leurs actions augmenter. Bien que cette théorie ait ses partisans, elle ne tient pas compte des réalités du marché et des performances à long terme des actions de valeur. Lors de la crise financière de 2008, nous avons vu comment les entreprises qui se concentraient sur la création de valeur plutôt que sur la distribution de dividendes ont souvent surperformé leurs homologues.
Analyse technique et implications fiscales
Les investisseurs peuvent être tentés de croire que les actions versant des dividendes offrent un meilleur rendement. Cependant, cette impression est souvent trompeuse. Les statistiques montrent que les actions de valeur, généralement celles qui paient des dividendes, ont tendance à offrir de meilleurs rendements à long terme non pas à cause des dividendes, mais en raison de leur valorisation plus basse par rapport à leurs bénéfices. Par exemple, le ratio C/B (cours/bénéfice) d’Apple est de 34, tandis que celui de British Petroleum est de 12. Cela signifie que les investisseurs paient moins cher pour chaque dollar de bénéfice chez BP, ce qui peut être plus avantageux à long terme.
En matière de fiscalité, le traitement des dividendes peut s’avérer défavorable pour les investisseurs. En effet, les dividendes sont souvent soumis aux mêmes taux d’imposition que les plus-values, mais sans la possibilité de choisir le moment de leur réalisation. Dans ma pratique, j’encourage les investisseurs à envisager la vente d’actions pour réaliser des gains en capital afin de gérer leur charge fiscale. Par exemple, si vous vendez des actions dont le coût de base est élevé, vous pouvez réduire votre facture fiscale de manière significative.
Conclusion et perspectives de marché
En résumé, la théorie de l’irrélevance des dividendes souligne une vérité fondamentale : les dividendes ne sont pas le saint Graal des investissements. Au contraire, il est crucial de comprendre que les bénéfices, qu’ils soient réinvestis ou distribués, sont ce qui crée réellement de la valeur. Dans un marché en constante évolution, où la réglementation et les préférences des investisseurs peuvent changer rapidement, il est important d’aborder la question des dividendes avec un esprit critique. Les leçons tirées de la crise de 2008 nous rappellent également l’importance d’évaluer la solidité des fondamentaux d’une entreprise plutôt que de se laisser séduire par une distribution de dividendes. À l’avenir, les investisseurs doivent se concentrer sur la création de valeur à long terme plutôt que sur des paiements immédiats.