La myopie d’entreprise, souvent attribuée à la pression des rapports trimestriels, soulève des questions essentielles sur la prise de décision financière des entreprises. D’un côté, beaucoup estiment que cette pression conduit à une focalisation excessive sur les résultats à court terme. D’un autre côté, les vérités derrière ce phénomène sont plus nuancées. En réalité, plusieurs facteurs influencent ce comportement, et la fréquence des rapports financiers n’est qu’une pièce du puzzle.
La plupart des sociétés américaines fonctionnent sur des cycles d’investissement qui s’étendent sur plusieurs années. Cependant, les investisseurs évaluent les actions en tenant compte d’horizons de bénéfices encore plus longs. Cela soulève un point crucial : modifier la fréquence de reporting ne modifiera pas nécessairement les comportements des dirigeants. Ce qui pèse plus lourd dans leurs décisions, ce sont les structures d’incitations, notamment les cycles de rémunération des dirigeants, qui favorisent des choix à court terme.
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Les implications de la fréquence des rapports financiers
Pour les analystes financiers, la question demeure : réduire la fréquence des rapports améliorerait-elle la prise de décision à long terme ou créerait-elle plutôt une opacité nuisible à l’efficacité du marché ? Les données suggèrent que cela n’améliorerait pas la situation. En fait, une telle modification pourrait diminuer la liquidité et compromettre la fiabilité des informations disponibles sur le marché.
Des études de cas à l’international
Des expériences récentes au Royaume-Uni et en Europe fournissent un éclairage précieux sur cette question. Lorsque les régulateurs ont mis fin à l’obligation de rapport trimestriel en 2014, les entreprises n’ont pas significativement augmenté leurs dépenses en capital ou leurs investissements en recherche et développement. Cela contredit l’idée que les rapports trimestriels incitent à des comportements myopes. Peut-on vraiment croire que réduire la fréquence des rapports influencera les décisions stratégiques des entreprises ?
Les véritables causes de la myopie d’entreprise
Il existe un consensus croissant parmi les experts : les stratégies d’entreprise myopes nuisent non seulement aux investisseurs, mais également à la santé globale des marchés. Toutefois, l’élimination des rapports trimestriels n’est pas nécessairement la solution idéale. Les bénéfices de la publication trimestrielle, tels qu’une couverture analytique accrue et une meilleure transparence, contribuent à une réduction de la volatilité et à une diminution du coût du capital.
Une perspective sur les investisseurs à long terme
Il est également suggéré que les entreprises pourraient réduire la pression à court terme en attirant davantage d’investisseurs à long terme. En redéfinissant leur orientation stratégique et en se concentrant sur des prévisions à long terme, les entreprises pourraient établir un cercle vertueux. Cela renforcerait la confiance des dirigeants pour investir dans des projets à valeur ajoutée, favorisant ainsi la croissance durable.
Une étude de 2016 a révélé qu’il n’y avait pas de différence significative dans les niveaux d’investissement à long terme entre les entreprises fournissant des prévisions à long terme et celles se limitant à des prévisions à court terme. Cette constatation soulève des interrogations sur l’impact réel des pratiques de divulgation sur les horizons de gestion.
Définir l’horizon à long terme
Un aspect clé de cette discussion est de définir ce qui constitue un horizon à long terme pour une stratégie d’entreprise. Si l’objectif est d’atténuer la myopie, il est légitime de se demander si un allongement de trois mois dans la fréquence des rapports pourrait avoir un effet significatif sur la prise de décision des dirigeants.
Une analyse des entreprises cotées en bourse aux États-Unis, utilisant le retour sur le capital investi (ROIC) comme indicateur de la période de récupération des investissements, montre que le délai de retour moyen est d’environ cinq ans. Cela suggère que la pression pour éviter les déclins de performance à court terme resterait présente, même avec un changement dans la fréquence des rapports.
Vers des solutions alternatives
L’idée que les rapports trimestriels soient responsables de la myopie d’entreprise est de plus en plus contestée. Des approches alternatives visant à réduire cette pression à court terme, comme l’allongement de la durée de la rémunération des dirigeants, pourraient s’avérer plus efficaces. Actuellement, la structure de rémunération à court terme est souvent en décalage avec les réalités des horizons d’investissement à long terme.
La plupart des sociétés américaines fonctionnent sur des cycles d’investissement qui s’étendent sur plusieurs années. Cependant, les investisseurs évaluent les actions en tenant compte d’horizons de bénéfices encore plus longs. Cela soulève un point crucial : modifier la fréquence de reporting ne modifiera pas nécessairement les comportements des dirigeants. Ce qui pèse plus lourd dans leurs décisions, ce sont les structures d’incitations, notamment les cycles de rémunération des dirigeants, qui favorisent des choix à court terme.0
