Les marchés secondaires alimentent des débats parmi les experts, oscillant entre leur rôle crucial comme source de liquidité pour les partenaires limités (LP) et les partenaires généraux (GP), et leur capacité à signaler un manque d’opportunités de sortie. Dans le secteur du crédit privé, les transactions secondaires permettent aux investisseurs de réajuster leurs expositions et de libérer des liquidités avant l’échéance des fonds.
Ce mécanisme, autrefois marginal, s’est progressivement imposé comme un outil incontournable de gestion de portefeuille. La montée des taux d’intérêt, tout en augmentant les rendements, a également ralenti l’activité des nouvelles transactions, allongeant la durée des fonds et resserrant la liquidité.
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Une croissance rapide des transactions secondaires
Actuellement, les transactions secondaires dans le crédit privé ne représentent qu’une fraction de 1 % à 3 % des allocations totales, mais leur expansion est remarquable. Les prévisions indiquent un doublement des volumes, passant de 6 milliards de dollars en 2025 à 11 milliards, avec une projection d’augmentation d’environ 70 %, atteignant 18 milliards cette année. Malgré cela, le crédit privé ne représentait pas plus de 10 % du volume total des transactions sur le marché secondaire en 2025.
Facteurs de croissance des marchés secondaires
Cette montée en puissance des marchés secondaires est attribuable à plusieurs facteurs. En premier lieu, l’augmentation spectaculaire des actifs sous gestion dans le domaine du crédit privé a doublé depuis 2018. De plus, le cadre macroéconomique actuel, avec des taux d’intérêt élevés, attire les investisseurs en quête de rendements. Les taux d’intérêt flottants des prêts directs s’avèrent particulièrement attractifs, bien que cette situation ralentisse l’afflux de nouveaux contrats, compliquant la liquidation des fonds.
La transformation des structures de marché
Un aspect notable de l’évolution des marchés secondaires est l’émergence d’une base d’investisseurs dédiée, avec des capitaux spécifiquement affectés à ces transactions. Les intérêts LP, traditionnellement au cœur des transactions secondaires, sont souvent vendus directement à des acheteurs secondaires, avec des remises variant selon la nature des positions. Les transactions initiées par les GP incluent des véhicules de continuation permettant de recapitaliser des portefeuilles de prêts issus de fonds plus anciens, offrant ainsi une liquidité supplémentaire aux investisseurs.
Ces véhicules de continuation, de plus en plus fréquents, ont dépassé en volume les transactions menées par les LP en 2025. Cependant, ils sont également critiqués, certains les considérant comme une façon de repousser les problèmes au lieu de les résoudre.
Évolution des remises et des prix
Un développement positif qui distingue les marchés secondaires de crédit privé de ceux du capital-investissement est la réduction des remises. Les offres moyennes pour des fonds de crédit de qualité ont augmenté, passant d’environ 90 % de la valeur nette des actifs (NAV) à des niveaux situés dans les mid-90s, atteignant presque 100 % de la valeur équitable en 2025. Ce rapprochement avec les niveaux du capital-investissement est dû à la possibilité de générer des revenus dès le départ, réduisant ainsi l’incertitude et visant des rendements à deux chiffres.
Innovations et tendances futures
Un autre développement intéressant est l’émergence de véhicules d’investissement evergreen et semi-liquides, qui dirigent des capitaux vers les transactions secondaires de crédit. En 2025, plusieurs sociétés de second marché ont lancé des fonds ciblant le secteur de la gestion de patrimoine, offrant une liquidité périodique et élargissant leur base d’investisseurs, notamment auprès des clients privés.
Parallèlement, des plateformes et des services de données commencent à émerger. Certaines entreprises explorent des plateformes de négociation pour les portefeuilles de prêts, bien qu’aucune bourse dominante n’existe encore. Avec le temps, la technologie pourrait faciliter et rendre plus transparentes les transactions secondaires, évoquant même l’idée de blockchain, bien que cela demeure une perspective lointaine.
À l’horizon 2025, le marché des secondaires en crédit privé pourrait atteindre des sommets inédits, avec un volume de transactions en forte augmentation. La structure, autrefois dominée par les ventes individuelles de LP, évolue vers des restructurations menées par les GP, soutenues par des solutions de liquidité innovantes. Les moteurs de croissance, tels que l’expansion du crédit privé et la demande des investisseurs pour la liquidité, suggèrent que les marchés secondaires joueront un rôle crucial dans les années à venir, avec un potentiel d’atteindre un volume annuel de plus de 50 milliards de dollars.
