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Pourquoi la gestion active est-elle plus qu’un simple jeu à somme nulle ?

Une perspective innovante sur la gestion active et son influence sur les marchés financiers.

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Pourquoi la gestion active est-elle plus qu’un simple jeu à somme nulle ?

Depuis trois décennies, le travail de William Sharpe sur l’arithmétique de la gestion active a constitué une pierre angulaire pour les partisans de l’investissement passif. Son article, publié en 1991, a introduit une approche méthodique qui a profondément influencé la manière dont les investisseurs perçoivent les bénéfices des investissements actifs par rapport aux passifs. Sharpe, lauréat du prix Nobel et élève de Harry Markowitz, a formulé une théorie selon laquelle les frais élevés associés à la gestion active entraînent inévitablement un retour sur investissement inférieur à celui des fonds passifs.

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Les fondements de l’arithmétique de Sharpe

La thèse de Sharpe est claire : avant de considérer les coûts, les rendements des investissements actifs et passifs sont équivalents. Cependant, une fois les frais déduits, la gestion active devient un jeu à somme nulle, voire négative. Ce raisonnement a alimenté la popularité des fonds indiciels et a soulevé une question cruciale : pourquoi payer pour des compétences lorsque le rendement du marché est accessible sans frais ?

Bien que cette logique soit séduisante, elle repose sur une vision statique du marché, ignorant les dynamiques économiques qui le sous-tendent. D’autres chercheurs, comme Lasse Heje Pedersen, ont démontré que la gestion active joue un rôle vital dans l’évolution des marchés, plutôt que de simplement redistribuer les rendements.

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Une vision dynamique du marché

Les limites de l’approche statique

Imaginons un marché où cent investisseurs détiennent chacun une part égale de toutes les entreprises. Parmi eux, cinquante choisissent une approche passive, tandis que les autres optent pour une gestion active. Les investisseurs passifs restent inactifs, tandis que les actifs échangent entre eux, payant des frais de gestion. À la fin de l’année, les investisseurs actifs se retrouvent avec des rendements inférieurs, comme l’illustre la célèbre fable de Warren Buffett, la famille Gotrocks, qui souligne que « les rendements diminuent à mesure que l’activité augmente ».

Cependant, cette vision simpliste ne tient pas compte des réalités du marché. Sharpe a affirmé que les données contraires à sa théorie étaient erronées, mais cette position ignore les mécanismes économiques qui permettent aux marchés de fonctionner. Les marchés ne sont pas statiques ; ils évoluent constamment.

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L’impact de la gestion active

Pedersen a enrichi cette réflexion dans son article de 2018, Sharpening the Arithmetic of Active Management, où il a mis en avant que les gestionnaires actifs ne se contentent pas de redistribuer des richesses, mais qu’ils influencent réellement la dynamique du marché. En identifiant les entreprises sous-performantes et en redirigeant les capitaux vers des projets plus prometteurs, ces gestionnaires participent activement à la création de valeur économique.

Il est essentiel de noter que même les investisseurs passifs doivent régulièrement ajuster leurs portefeuilles pour rester alignés sur les indices, ce qui implique des transactions qui, en fin de compte, soutiennent l’efficacité du marché.

La symbiose entre gestion active et passive

La réalité est que la gestion active et passive ne s’opposent pas, mais s’enrichissent mutuellement. Les gestionnaires actifs jouent un rôle crucial dans la découverte des prix et l’allocation de capitaux vers les entreprises les plus performantes. En intervenant, ils contribuent à façonner l’économie réelle, en déterminant quelles innovations voient le jour et en influençant les décisions stratégiques des entreprises.

Lorsque des gestionnaires actifs identifient des entreprises gaspillantes et redirigent des fonds vers des opportunités à rendement élevé, ils ne se contentent pas de réaliser des transactions ; ils participent à un processus de création de valeur. Cette dynamique permet même aux investisseurs passifs de bénéficier indirectement des ajustements opérés par les actifs lors de la réallocation des ressources.

Dans un marché où l’efficacité est suffisante pour récompenser ceux qui découvrent des informations, mais pas au point d’éliminer les bénéfices, la gestion active peut prospérer tout en maintenant une juste allocation des ressources. En fin de compte, l’arithmétique de Sharpe a posé les bases d’une réflexion critique sur l’investissement, mais les découvertes récentes de Pedersen apportent une nouvelle compréhension de la gestion active. Les deux approches, loin d’être opposées, se complètent et contribuent ensemble à l’efficacité des marchés financiers.